Un monde, des Idees - One World, Many Ideas

Un bout de chemin


Je vous ai promis une série de reportage, d’une visite d’Haïti au travers de mes yeux. Vous savez déjà que le destin en a décidé autrement et que je suis rentré plus vite que prévu. J’étais à Grand Goave, petite ville balnéaire de la région ouest. J’ai partagé le quotidiens de mes collègues, haïtiens comme européens. Nous rêvions d’apporter la différence. Certes la machine est lancée mais la tache reste titanesque. Et en plein milieu de chemin une autre trajectoire.

 

Je sais que je ne donne pas trop de descriptif de ce que nous faisons. Parce que c’est vaste et en même temps peu visible. On travail sur des mutations, des transitions de situations existentielles, sur des dynamiques sociales qui se jouent sur des générations. C’est déconcertant parfois de dire qu’on relie les parents et leur enfant perdu quand on s’aperçoit que les causes profondes qui provoquent cette déchirure ne sont pas traitées. Alors c’est difficile de parler du vrai travail humanitaire. C’est ingrat, c’est long et ce n’est pas toujours photogénique. Mais en somme nous avons construit des espaces de jeux, nous avons réuni les enfants séparés de leurs parents, nous avons retrouvé des familles pour des orphelins, nous avons formé des travailleur sociaux, nous avons apporté de l’eau à des communautés, nous avons construit des maisons pour des personnes touchées par le séisme, nous avons soigné les enfants malnutris. J’ai discuté de politique sociale avec les autorités de cette ville, nous avons organisé la préparation des habitants à faire face aux inondations et ouragan et nous avons égayé les rues de la ville en l’envahissant avec des chants et des jeux d’enfants.

 

Des collègues heureux de faire avancer les choses

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des enfants qui prennent possession de leur devenir

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je vois à travers ce qu'on fait qu'on ne change pas le monde. Je vois aussi que nous naviguons dans un monde de requins avec des enjeux géopolitiques énormes et des intérêts divergents. On génère des conflits et on brasse un fric monstrueux. Mais peut-on dissocier l’acte du sens ? Au delà de cela; il arrive que des sourires éclatent derrière les abris de fortunes, que des vies s'améliorent par un petit projet, que la trajectoire de certaines femmes changent parce que nous les avons formé, ou qu'un enfant échappe au trafic parce que nous l'avons repéré et lui avons apporté protection. Eh ben la vérité est que même si cela concerne 1 seule personne, alors le jeu en vaut la chandelle. Et cela permet au gens de se rencontrer, qu'un béninois partage sa vision du monde avec un jeune haïtien qui n'est jamais sorti de chez lui.

 

Quelques réalisations

 

 

 


 

 

 

La vie continue

 

Les rues sont toujours aussi colorées avec des bus et camions aux couleurs arc-en-ciel. Ils traversent les rues et les maisons complètement ou à moitié détruites avec du compas (musique 100% haïtienne) et du hip hop à fond la caisse. Les hommes sont en débardeurs, cheveux rasta, crépus ou crane rasé. Ils sont musclés et beaux avec des airs décomplexés. Les femmes sont naturellement belles, habillées à l’américaine mais avec une touche caribéenne (le chapeau et les couleurs) et les filles habillées très sexy et dans les villages à moitié à poil en se lavant dans les fontaine publiques des rues. C’est sensuel, c’est libre, c’est détendu.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A Port au Prince la capitale, à quelques  rues du grand bâtiment de Digicel (la plus grosse compagnie de téléphonie du pays), des rues immondes entre des canaux jonchés d’ordures et des vendeurs de fruits et légumes. Dès qu’il pleut c’est l’horreur et ont peu comprendre l’expansion récente du choléra. Avec le tremblement de terre du 12 jan 2010, l’infrastructure sanitaire déjà en piteux état s’est effondrée. La capitale peint bien cette contradiction du pays, entre le sable fin des plages caribéen et les résonances visuelles de la misère. Et au deal de tout cela, le sort, la destinée, la promesse de Dieu. Les haïtiens sont de cœur africains et par destin caribéens. Il y a donc une question d’identité qui est complexe : une identité ethnique, une identité d’ex-esclave, une identité religieuse, une identité insulaire,  une identité révolutionnaire, une identité américaine…..    

 

Une destruction encore visible

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Combien d'années faut-il pour déblayer tout ça? o parle de 20 ans

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La ville dépeint par les images cette contradiction entre les sables fins et les ordures qui pourrissent à Port au Prince

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce pays me fascine et malgré que le destin ait fait que mon séjour soit écourté, j’ai découvert une partie de l’âme africaine qui m’a chaviré. Comme quoi la culture demeure ce qui nous reste quand ont a tout perdu. Et après 400 ans, l’Afrique est restée immensément présent en préservant tout sa chaleur et couleurs. Et c’est promis, je reviendrai. Pour voir si la promesse sera tenue et si des débris et cendres naitrait un nouvel Haïti.

 

 

De la beauté absolue 

 

 

 

Et à la fin, cette sensation de déja vu. Cette jeune fille regarde le photographe comme élément du paysage. 

Les hatiens seront photographiés, filmés et leur images diffusées dans le monde entier. Et malgré cela, cette sensation que le monde ne peut plus rien pour eux. Pa Pi mal comme on dit en créole. Ils construiront leurs propres images.

 





05/11/2010
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